Un regalito para nuestro amigos francófonos ya que este blog es visto en más de 65 países. La entrevista original que le realicé en francés al artista Patrick Moya, y que salió publicada en su último libro "L'Art dans le nuage" (El Arte en la Nube) ediciones Baie de Anges, Maison d'Edition Côte d'Azur 2011 donde el autor se interroga sobre el futuro del arte.
Pueden encontrar la traducción al español de la misma en el blog del Grupo Avatar de la Pontificia Universidad Católica del Perú (PUCP) donde también colaboro:
http://blog.pucp.edu.pe/item/151568/entrevista-a-patrick-moya-aka-moya-janus-en-second-life
Un bonus pour nos amis francophones... ;)
Entrevista de Zet Avril (aka Marita Tovar) al artista francés Patrick Moya (aka Moya Janus) publicada en el libro L'art dans le Nuage" Ed. Baie des Anges, 2011. Foto: Patrick Moya |
LA CIVILISATION MOYA
Certains sont restés figés sur l'île Moya dans leurs positions revendicatives et ils sont l'une des attractions du Moya Land. Voila pour la réponse humoristique.
Pour parler plus sérieusement, je crois que désormais chaque artiste vit son travail comme une micro civilisation, avec des répertoires de signes et de codes propres, qui évoluent au fil du temps avec une apogée et parfois un déclin.
L'aventure artistique des artistes modernes se regarde comme l'évolution de l'art des civilisations. L'ubiquité des médias et la rapidité de l'information ont concentré sur une vie ce qui mettait des centaines d'années à évoluer. C'est aussi le résultat de l'individualisation du monde occidental.
La mise en scène du travail des artistes contemporains s'est aussi calqué par mimétisme sur les présentations muséales qui racontent des civilisations complètes, dans une perspective qui réunit dans une même scénographie les poteries, les peintures, les sculptures et autres traces du travail d'une multitude de créateurs.
D'autre part, la facilité donnée à chacun, et donc aux artistes, d'utiliser de très nombreux médiums et supports sans avoir à en apprendre tous les secrets fait potentiellement de chaque individu un artiste global et universel.
2. Derrière vous se trouve une très bonne stratégie médiatique et bien menée.
Est-ce que de nombreuses personnes travaillent avec vous ? Et quels types de médias utilisez vous?
- J'ai inventé un Studio Moya pour faire croire que mon premier avatar issu de logiciel 3D d'avant Second Life avait été créé par un studio de cinéma qui aurait inventé un artiste nommé Moya. Mais en réalité, je faisais tout tout seul.
Aujourd'hui, une seule personne m'aide pour l'organisation et j ai plusieurs galeries d'art mais je travaille généralement seul pour toute la partie artistique. Je n'ai pas de stratégie médiatique. Je n'ai qu'un seul objectif, qui est de traverser le mieux possible l'ensemble des médias disponibles et de tenter de vivre à l'intérieur du réseau mais cela relève plus d'un fantasme que d'une stratégie réfléchie appliquée dans le but de réussir.
Je manoeuvre à l'instinct. J'ai une stratégie globale, mais pas de petites stratégies. D'ailleurs, j'accepte tout ce qu'on me propose si le temps me le permet et je tente à chaque fois de m'adapter. Peu importe que je réussisse ou non, ce qui importe, c'est l'expérience menée et le plaisir qu'on y trouve.
L'expérimentation mène rarement à la réussite mais elle fait office de "cas d'école" : elle montre comment un individu réagit face au médium dont il dispose pour communiquer.
L'une des spécificités de l'art contemporain est de pouvoir mener seul et sans grands moyens une expérience qui traverse des techniques et des matériaux complexes, en obtenant un résultat médiatique au delà des espérances.
S'il y a une stratégie, elle est sans doute dans mon choix d'être un artiste d'art contemporain car le dernier privilège de l'artiste dit "contemporain", sa dernière spécificité, c'est de pouvoir tout aborder et tout expérimenter sans limite. Et même sans avoir besoin de chercher une qualité maximale car il reste à l'artiste la possibilité de l'amusement.
3. Qui fait les vidéos? Vous-même? Qui est le "Pinocchio", quel rôle il joue dans les rencontres virtuelles?
Désormais, les outils logiciel sont assez simples et permettent très rapidement la création et la mise en ligne de ce type de message qui finalement, remplacent les correspondances qu'entretenaient autrefois les artistes et que les éditeurs publient des années après. Aujourd'hui, tout est instantané et multimédia.
Dans les rencontres virtuelles au centre d'art de la Malmaison à Cannes l'avatar visiteur (qui est un Pinocchio) est la pour permettre au public de visiter mon univers virtuel; il est leur marionnette.
4. Selon une autre interview, durant vos études, vous avez été marqué par les théories de Mac Luhan et l'idée de son concept de «village global». Vous vous interrogiez "sur les changements apportés à l'histoire de l'art par les nouveaux médias". C'est quoi pour vous Second Life ?
- Comme beaucoup de ceux que je croise dans Second Life, Mac Luhan a provoqué un bouleversement dans ma façon de penser. Selon lui, ce n'est pas ce qu'on pense qui transforme les médias ou les outils de l'art mais les médias qui influent sur le message et le transforme au point de transformer la société à leur image.
De là, j'ai pensé que la télévision, qui était le premier médium capable de transmettre la création instantanément du créateur vers le spectateur, allait transformer le rapport à l'art en ne laissant plus le temps au créateur d'apparaitre au public par l'intermédiaire de l'histoire de l'art, car masqué instantanément par sa créature.
Ce n'est même pas une question de fin de l'histoire de l'art ou de post modernité mais plutôt une histoire devenue inracontable ou du moins racontable trop tard, alors que paradoxalement l'art contemporain était censé être l'avant-garde. Mais dans des médias d'ubiquité, l'avant-garde se joue à quelques milli-secondes.
Second Life ou ses équivalents est l'évolution naturelle de l'internet, qui n'utilisait à ses débuts le texte que pour des raisons pratiques. Cependant le rêve de l'internet, c'est bien de réunir instantanément sur le réseau non seulement les individus mais aussi les techniques.
Un metavers tel Second Life, c'est l'amalgame de la fiction et de la réalité.
Pour l'instant Le cinéma,le théâtre, la littérature sont des subdivision d'un "Médium" qui ne demande qu'a se réunir et à redevenir global.
Dans ce contextee l'artiste redeviendra une sorte de chaman. Les chamans étaient des créatures complètes - sorcier, comédien, musicien, marionnette - possédés mais aussi manipulateurs, figures politiques de la cité.
Tout s'est ensuite scindé - musique, théâtre, politique, religion etc - au point que chaque médium s'est
lui même scindé comme pour la musique entre la partition, le musicien, le compositeur. Pourtant, pour chaque artiste, l'espoir de retourner à une globalité chamanique de la création est sensible.
Les moyens modernes de communication depuis la télévision sont en train de ramener l'artiste vers le chaman de la place centrale du village global. Bien sûr, cela est valable pour les artistes
méditerranéens du sud de l'Europe ou pour les sud Américains de culture latine, cultures où la présence de la figure et de l'humain dans l'oeuvre est l'un des fondements …
Même si, au final, cette figure est celle de l'artiste lui même.
5. Le Moya Museum sur Second Life, c'est un lieu pour exposer vos oeuvres.
Dans la réalité, on trouve Moya partout, c'est comme une Frida Kahlo et ses autoportraits. Il faut savoir que Frida avait une maladie que l'a empêché de bouger. Mais vous, vous proposez, vous jouez le rôle d'un Moya enfantin, entouré de moutons, d' anges, de démons, un éléphant, un âne, un singe, un Pinocchio. Mais vous vous mettez toujours en situation avec eux. Si ce n'est pas vous en personne, c'est votre nom. Vous êtes un peu narcissique ou c'est votre avatar qui l'est ?
- Tout travail artistique est bien sûr le résultat d'un trait de caractère. Plutôt que le Narcisse qui est centré sur lui même et n'a pas besoin d'être artiste, je suis sans doute exhibitionniste donc tourné vers les autres, avec le besoin permanent de l'exposition.
Il y a également, par peur de l'enfermement, la volonté d'échapper au piège du style, qui semble être nécessaire à la reconnaissance de l'artiste.
Pourtant, j'ai toujours eu cette utopie de croire que je pourrais échapper au style tout en restant reconnaissable. C'et cela qui m'a amené à l'idée de mettre mon nom et mon image au centre des oeuvres.
Le but est de pouvoir continuer de créer dans toutes les directions, tout en faisant de ce désordre une Oeuvre globale. D'autre part, je pressentais depuis longtemps que le fait d'avoir des idées serait de plus en plus simple. Et même quasiment automatique avec des logiciels d'intelligence artificielle.
Et aussi que le copyright serait de moins en moins viable face aux multitudes de créations, à la démocratisation de la création et à la rapidité des réseaux de diffusion.
Par conséquent, il fallait que l'oeuvre, pour continuer de vivre dans cet environnement, soit toujours reliée à son point d'origine - l'artiste.
Bien sûr, cela s'entend si on considère l'artiste comme ce personnage chamanisme, cette figure de saint laïc des cultures méditerranéennes catholiques. Dans les cultures plus protestantes, l'artiste laisse la place au groupe et s'efface dans le réseau. Dans cette version de l'artiste devenu anonyme et dont l'existence seule ne suffit pas à lui permettre d'affirmer sa présence, seul le scandale permet de ramener la figure comme personnage de faits divers.
Mon avatar dans Second Life est un artiste mais il est plutôt l'image d'un artiste. Les créations qui l'entourent sont des oeuvres qui servent de décor à cette vie imaginaire de l'artiste. Il écrit lui aussi son nom partout et toute l'ile Moya est à sa gloire - c'est mon Surmoi ou plutôt mon Surmoya.
6. Comment s'est passé votre entrée sur Second Life ? En quelle année ? Comment avez-vous découvert Second Life ?
- J'ai commencé à vouloir créer un monde Moya virtuel avant Second Life, en travaillant sur le logiciel Cinema 4D mais ce monde n'étais pas accessible.
J'ai voulu vendre des parcelles et des oeuvres s'y trouvant mais je devais mettre des films sur DVD pour les montrer aux éventuels collectionneurs. Quand j'ai pu avoir une bonne connexion internet et que Second Life semblait bien au point, j'y suis entré, c'était en 2007. Dés le premier jour, j'ai acheté un petit terrain et construit dans la nuit un premier Musée Moya. Le lendemain, j'achetais déjà le terrain mitoyen et ensuite je me suis agrandi de plus en plus jusqu'à investir une ile complète. Aujourd'hui, j'en possède 4.
7. Pourquoi Moya Janus dans Second Life ressemble-t-il au Captain America?
Est-ce votre héros favori ?
- Il ressemble plutôt à un catcheur mexicain (j ai toujours beaucoup aimé les films de Santos). Son apparence est liée à un problème technique. Quand je suis entré dans Second Life, il n'était pas facile de reproduire son propre visage. De plus, je n avais pas envie de fixer un âge à l'avatar, ni de le faire vieillir avec moi. Donc j'ai créé ce personnage masqué avec des textures venant d'une toile sur laquelle est écrit mon nom.
8. Vous voulez toucher quel public ? Les enfants ou les adultes ?
- Les deux. Mon rêve est de plaire à tout le monde, même a ceux qui n'aime pas ce qui plait à tout le monde. C'est un peu une utopie mais l'art ne doit il pas être fait d'utopie ?
9. Vous avez dit dans une autre interview : "Ce n'est pas parce que l'on vit une autre histoire sur le net que l'on est inadapté à la société. Au contraire, la plupart des utilisateurs sont très actifs dans la vie réelle. C'est un plaisir qui stimule l'existence."
Quel type de stimulation trouvez-vous sur Second Life que vous ne trouvez pas dans la vie réelle ?
- Second Life n'est pas un jeu, il est fréquenté aujourd'hui par des personnes qui aiment fabriquer des mondes, donc surtout des créatifs. Il est le résultat d'un vieux rêve fait par tout ceux qui se sont intéressés aux images de synthèses. Second Life augmente la réalité mais ne lui enlève rien. Autrefois je perdais beaucoup de temps à écrire des textes assis à mon bureau sur une machine à écrire. La machine a écrire isolait complètement l'individu pendant le temps où il tapait son texte. Pourtant, on n'a jamais dit que la machine à écrire était dangereuse pour la société car elle éloignait l'homme du réel.
Le métavers crée une seconde réalité dans laquelle on peut rencontrer des personne, ou organiser des événement qu'on n'aurait pas pu faire en réel - surtout avec autant de facilité.
Second Life augmente l'art et le réél plus qu'il ne retranche.
Merci beaucoup, Moya ;)
* Entrevue pour le Blog de la Universidad Catolica de Lima. Groupe AVATAR
ZET&SIL
Et voilà la video de la présentation du livre dans la TV française:
⚠VIDEO de Nice Azur TV:
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